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10 juin 2011

9 mai 1918 : second raid d'Ostende

Au cours de la Première Guerre mondiale, la maîtrise de la Manche et de la mer du Nord était vitale pour les Alliés qui avaient besoin d'acheminer facilement du matériel depuis le Royaume Uni. C'était, entre autre, le travail de la Patrouille de Douvres d'empêcher les sous-marins allemands de semer le trouble dans ces eaux. Ce fut également le but de deux opérations da la Royal Navy en tentant de bloquer les accès à la mer depuis Zeebrugge et Ostende, deux ports où stationnaient les submersibles ennemis.

Une première tentative fut faite les 22 et 23 avril 1918, se soldant par un succès relatif à Zeebrugge et un échec à Ostende. C'est pourquoi une seconde tentative de blocage de ce dernier port eut lieu dans la nuit du 9 au 10 mai 1918.


Le plan consistait à échouer le HMS Vindictive au milieu du canal d'Ostende. Le vieux bâtiment avait participé à l'opération précédente et en était revenu très abîmé, après avoir subi les tirs allemands qui avaient atteint ses superstructures. Il avait été remis en état à Douvres, 200 tonnes de ciment coulées dans ses magasins et œuvres mortes. C'était là le maximum de lest qu'il pouvait emporter afin de passer les hautes eaux qu'il rencontrerait à l'approche d'Ostende. De nombreux officiers et officiers mariniers qui avaient participé à la première tentative de blocage étaient volontaires pour apporter leur expérience en participant à la seconde. Mais il fallait attendre que les conditions météorologiques, de mer et de marées soient favorables ce qui laissait le temps de préparer un autre bâtiment, HMS Sappho, pour la même opération.

Au soir du 9 mai, ces conditions semblent satisfaisantes ; HMS Vindictive et HMS Sappho prennent la route de Dunkerque, escortés à distance par plusieurs destroyers. Mais des problèmes de chaudières empêchent HMS Sappho de rejoindre à temps pour participer à l'opération. C'est donc seul mais protégé par des écrans de fumée que HMS Vindictive se dirige vers Ostende dont il a beaucoup de mal à trouver l'entrée du chenal. Il y parvient enfin mais à ce moment le feu ennemi éclate, faisant plusieurs blessés à bord. Le vaisseau britannique peut-être échoué, sa poupe contre la jetée est du chenal. Le commandant Crutchley (le commandant Godsal avait été mortellement atteint par les premiers tirs), estimant ne pas pouvoir faire plus, ordonne l'abandon du navire à son équipage réduit. C'est donc le moment de mettre à feu les charges explosives réparties dans le navire. D'énormes chocs s'ensuivent lorsque les explosions se succèdent. Les membres de l'équipage, dont certains sont lourdement blessés, sont recueillis par les vedettes qui les avaient accompagnées à cet effet, qui les ramènent ensuite vers les destroyers qui attendaient au large. Il est environ trois heures du matin. Sur le plan humain, le bilan est le suivant : 8 morts, 30 blessés, 11 disparus. Sur le plan matériel, la perte d'une seule vedette rapide est notée même si d'autres ont été atteintes par les tirs allemands..

Mais, à la fois pour des raisons techniques (le navire gouvernait mal depuis ses avaries dues à l'opération du mois d'avril) et nautiques (une importante marée), l'épave n'est pas en parfaite position pour empêcher totalement le trafic dans le chenal. Malgré cela, l'opération sera présentée comme un succès par les Alliés.




À quelques centaines de mètres du chenal, se trouve, à titre mémorial, la proue de HMS Vindictive



Voir le film de l'Imperial War Museum qui décrit l'opération et ses préparatifs




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10 janvier 2011

YAVUZ, croiseur de bataille allemand sous pavillon turc

Le croiseur de bataille allemand Goeben a fait pratiquement toute sa carrière sous le pavillon turc. Dès le 16 août 1914, il porte le pavillon ottoman prend le nom de Yavuz Sultan Selim. La décision d'enfermer le Goeben et le croiseur léger Breslau dans les détroits, pour renforcer la marine ottomane comme l'empire ottoman et lui forcer la main pour entrer en guerre au coté de l’Allemagne, a pour conséquence de sacrifier toute possibilité de retour. Il est cédé à la Turquie officiellement à compter du 2 novembre 1918. Il s'agit d'un croiseur de bataille allemand du type Moltke.

Les allemands construisirent des croiseurs de bataille pour répondre aux Invincible britanniques. Ils s'en distinguaient par un calibre d'artillerie principale moindre; 280 mm au lieu de 305 mm pour les anglais; mais avec une protection nettement renforcée. Le premier croiseur de bataille construit en Allemagne est le Von Der Tann, commandé en 1907 et entré en service en 1910. Il est suivi des deux sisters ship: Moltke et Goeben.

Caractéristiques des Moltke :
déplacement: 20846 tonnes; 23042 tonnes en pleine charge
dimensions: longueur 186,6 m; largeur 30 m; tirant d'eau 9,20 m
propulsion: 4 turbines à engrenages Parsons alimentées par 24 chaudières Schulz Thornycroft puissance 52 000 cv; 4 hélices vitesse 28,4 nœuds,25,5 nœuds en service courant,rayon d'action 4 120 miles à 14 nœuds
protection ceinture cuirassée de 280mm au plus fort à 76,2,barbettes et tourelles(face) 230mm,casemates 200 mm,commandement 300 mm,pont blindé 76,2 mm
armement: 10 canons de 280 mm modèle 1909 tire des obus de 302 kg à 21 700 m (portée maximale,site à +22,5 ° après 1915).
10 canons de 150 mm en casemates
12 canons de 88 mm(jusqu'en 1916)
4 tubes lance torpilles sous marins
équipage 43 officiers et 1010 hommes

Le Motke est mis sur cale le 7 décembre 1908, aux chantiers Blom & Voss de Hambourg, il est lancé le 7 avril 1910 et entre en service le 30 août 1911
En mai 1915 le Moltke participe à la bataille du Jutland, au cours de laquelle il toucha le croiseur de bataille britannique Tiger13 fois, et fut touché à 4 reprises, mais les navires s'en tirèrent tous les deux.
Le Motke se rendit aux alliés le 24 novembre 1918, et fut sabordé à Scapa Flow le 21 juin 1919, son épave à été relevée en 1927, et démantelée à Rosyth en 1929.

Le Goeben, qui nous intéresse plus particulièrement, est mis sur cale le 28 août 1909 aux chantiers Blohm & Voss à Hambourg, lancé le 28 mars 1911 et entre en service le 2 juillet 1912. Quand éclata la première guerre Balkanique en octobre 1912, le grand quartier général allemand envoie le croiseur de bataille Goeben, et le croiseur léger Breslau en Méditerranée pour faire respecter les intérêts allemands dans la région ; ils rejoignent Constantinople.

Le croiseur de bataille Goeben à son entrée en service en 1912.

Les deux navires appareillent de Kiel et arrivent à destination le 15 novembre 1912, les navires sont maintenus sur place lors du déclenchement de la deuxième guerre Balkanique, le 29 juin 1913, montrant le pavillon allemand dans prés de 80 ports de la Méditerranée. Ils sont sous le commandement de l'amiral Wilhelm Anton Souchon, (2 juin 1864 -13 janvier 1946). L'assassinat de l'archiduc François Ferdinand à Sarajevo, entraîne le maintien du Goeben sur zone. Il est caréné à Pola par des ingénieurs allemands.



Après avec canonné Philippeville et Bône en Algérie le 4 août 1914, les deux navires rejoignent la Turquie après avoir semé les escadres française et anglaise lancées à leurs trousses. Les Français trop loin ne peuvent les rattraper, les Anglais les rencontrent avant la déclaration de guerre, et ne peuvent intervenir, ensuite les Allemands leur font croire qu'ils se dirigent vers l'Adriatique, pour changer de cap au dernier moment, et foncent sur les Dardanelles, qu'ils franchissent , et sont transférés à la marine Ottomane alors neutre le 16 août 1914, et prennent les noms de Yavuz Sultan Selim (nom officiel jusqu'en 1936) pour le Goeben, et de Midilli pour le Breslau, toutefois ils conservent leurs équipages allemands, et le contre amiral Souchon devient commandant en chef de la marine turque, il a joué un rôle important dans la décision de l'empire ottoman d'entrer en guerre aux cotes de l'Allemagne et de l'empire austro-hongrois. Le 29 octobre 1914, le Yavuz bombarde Sébastopol sa première opération contre l'empire russe, il coule le mouilleur de mines Prut, et endommage le destroyer Leitenant Pushchin, la Russie déclare la guerre à l'empire Ottoman suivie par la France et la Grande Bretagne. Le 18 novembre 1914, il endommagea le cuirassé russe Evstafi au cours d'un duel d'artillerie. En décembre 1914, alors que le Yavuz et le Midilli escortent des transports de troupes, le Yavuz saute sur deux mines dans le Bosphore, il est endommagé et ne peut recevoir que des réparations provisoires, faute de bassin de radoub assez grand ; ce qui ne l’empêcha pas de continuer les escortes de convois, tout en engageant des navires russes sans résultat. La mise en service des dreadnought russes Imperatritsa Mariya et Imperatritsa Ekaterina Velikaya chargeant le rapport de force obligea l'amiral Souchon à plus de prudence; en février 1916 le Yavuz transporte des troupes et du matériel à Trebizonde pour tenter de stopper l'avance russe, le Yavuz et le Midilli sont utilisés en soutien des troupes à terre. En 1917 les deux navires sont bloqués par le manque de charbon.


Le Yavuz Sultan Selim en 1914 rallie l'Empire Ottoman

En décembre 1917, l'armistice est signé entre Istanbul et Petrograd, le 20 janvier 1918 le Yavuz et le Midilli quittent les Dardanelles et se dirigent vers la Palestine au large de l'île d'imbros, ils coulèrent les monitors Raglan et le M28; mais à l'entrée des Dardanelles, les deux navires tombèrent sur un champ de mines, le Midilli sauta sur plusieurs mines et sombra, le Yavuz sauta sur trois mines et du s'échouer, des avions et le monitor M17 anglais attaquèrent le Yavuz sans succés. Le Turgut Reis un vieux cuirassé ottoman, lui aussi ancien allemand, le remorqua jusqu'à Constantinople. Le 2 novembre 1918, le Yavuz devenait officiellement turc.

Le Yavuz le 20 janvier 1918 échoué, après avoir été endommagé par des mines

Suite à la guerre d'indépendance de Mustapha Kemal Atatürk, au traité de Lausanne du 24 juillet 1923, la république turque héritait de l'ancienne marine ottomane, et donc du Yavuz, qui resta jusqu'en 1926 abandonné à Izmir.. Il fut complètement refondu de fin 1928 à mars 1930 à Izmir, par les chantiers de Saint Nazaire Penhoet , la coque est réparée, les chaudières sont remplacées, la direction de tir reconstituée. En 1936 le nom de Yavuz Sultan Selim est officiellement simplifié en Yavuz.

En novembre 1938, il transporte les cendres de Mustapha Kemal Atatürk d'Istanbul à Izmir.
La Turquie étant neutre au cours du deuxième conflit mondial, le Yavuz n'intervient pas; sont armement anti aérien fut renforcé par 4 x 88 mm AA, 22 x 40mm et 24 x 20 mm; le mat arrière est supprimé, pour dégager le tir anti aérien.

Le Yavuz en novembre 1936 à malte,après sa refonte

Le 5 avril 1946, le Yavuz accueille le cuirassé américain Missouri ramenant le corps de l'ambassadeur de Turquie aux Etats-Unis.

Une photo hautement symbolique, le Yavuz (à droite sur la photo), accueille le cuirassé américain USS Missouri à Istanbul en avril 1946; deux générations de bâtiments de ligne, qui se sont distingués chacun, au cours d'une guerre mondiale.

Le Yavuz est mis en réserve en 1950, rayé en 1954, la proposition de le rendre à l'Allemagne en 1963, pour le préserver fut déclinée par Bonn.

Le Yavuz en 1955 à la fin de sa vie, le mat arrière a été supprimé pour dégager le tir anti aérien.

Il fut vendu à un chantier de démolition en 1971, et démantelé de 1973 à 1976.
Il aura donc eu une carrière particulièrement longue de 42 ans dont 40 ans sous pavillon ottoman, et turc, dernier croiseur de bataille ayant existé, ultime témoin d'une époque, il est dommage qu'il n'ai pu être conservé.

Alain

(photos collection Alain V)



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5 juillet 2010

11 juillet 1915 : la fin du Königsberg

Au début de la guerre, les possessions allemandes en Afrique étaient représentées par l'actuelle Tanzanie. La ville principale en était Dar es Salam. Au sud se trouvait un territoire portugais. Au nord, l'actuel Kénya était possession britannique. Dans chacun des ports correspondants, les marines respectives étaient bien évidemment représentées. L'escadre du Cap de la Royal Navy (basée à Simonstown en Afrique du Sud) possédait trois croiseurs (HMS Pegasus, HMS Astraea et HMS Hyacynth) qui patrouillaient régulièrement au large des côtes est-africaines, escalant à Zanzibar et à Mombasa.

Au port de Dar es Salam, la colonie allemande hébergeait le croiseur léger Königsberg arrivé en juin 1914 en remplacement d'une unité plus ancienne, sous les ordres du commandant Max Looff. Lancé à Kiel en janvier 1905, son déplacement est de 3 550 tonnes, sa vitesse de 25 noeuds, son rayon d'action estimé à 3 000 milles.



Le 4 août 1914, le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne. Dans l'océan Indien comme ailleurs, la flotte allemande se met en chasse. Deux jours plus tard, le Königsberg coule le cargo britannique City of Winchester et est ensuite ravitaillé en charbon par le Somali. La suite de la chasse allemande est sans résultat et, le 3 septembre, les deux navires gagnent le continent et s'enfoncent dans les méandres de la rivière Rufiji, au sud de Dar es Salam, pour y attendre une nouvelle livraison de charbon. Celle-ci effectuée, le Köningsberg reprend la mer vers Zanzibar. Il y rencontre le HMS Pegasus. Après un rapide échange de quarante-cinq minutes le 20 septembre, le bâtiment britannique est hors de combat. On dénombre 38 morts et 55 blessés britanniques, HMS Pegasus coule le lendemain. Le Königsberg prend la route du sud, son commandant voulant regagner l'Europe mais une panne mécanique l'en empêche. Il ne peut que retourner dans l'estuaire de la Rufiji et s'y abriter pendant six semaines, le temps de la réparation.

Bien évidemment, la Royal Navy n'est pas resté sans réagir. Elle a envoyé sur place trois croiseurs H.M.S. Chatham, HMS Dartmouth et HMS Weymouth. Leur commandant ont des ordres simples : "Trouvez et détruisez le Königsberg". C'est dans un premier temps le cargo Somali qui est repéré et détruit le 30 octobre. Les navires britanniques établissent maintenant un blocus de l'estuaire, empêchant toute sortie du navire allemand qui ne peut que remonter le cours de la rivière pour tenter d'échapper. Des avions parviennent sur zone pour survoler le détroit et débusquer l'ennemi, d'autres navires de la Royal Navy aussi. Parmi ces derniers, deux canonnières, H.M.S. Mersey and HMS Severn, venues de Malte qui peuvent, elles, remonter la rivière grâce à un tirant d'eau plus faible. Enfin, le 6 juillet 1915, Königsberg est repéré et le feu ouvert. Les canonnières se retirent après avoir tiré plus de six cent obus mais sans avoir touché sérieusement le bâtiment allemand. Cinq jours plus tard, l'opération est couronnée de succès ; le navire allemand est en feu, irrémédiablement touché.

La Royal Navy quitte les lieux mais les marins allemands eux restent sur place et démontent de leur navire tout ce qui peut être réutilisé. Ainsi, les canons, montés sur des affûts spécialement construits par les ateliers ferroviaires de Dar es Salam, pourront-ils servir lors des campagnes terrestres.

Cet épisode de la guerre navale au cours du premier conflit mondial est retracé par Paul Chack dans "Une croisière de misère"qui constitue le chapitre 2 de "On se bat sur mer" publié en 1926 aux Éditions de France.

Tous clichés DR.

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