En 1893, plusieurs incidents opposent le Siam et la France : soit celle-ci les provoque, soit elle exagère leur importance, faisant ainsi monter la pression, jusqu’à l’envoi illégal de deux canonnières à l’embouchure du fleuve Chao Phraya, dont les capitaines annoncent leur intention de remonter jusqu’à Bangkok. Le Siam se met en tort en ouvrant le feu : le casus belli est saisi par le résident français à Bangkok, Pavie. Celui-ci exige l’abandon de la rive orientale du Mékong ; un blocus est mis en place à l’embouchure du Chao Phraya. Le Siam cède, et la France ajoute à ses exigences une zone démilitarisée large de 25 km le long de la rive occidentale du Mékong, plus les provinces de Battambang et de Siam Reap. La ville de Chanthaburi est occupée par une garnison française (traité signé le 3 octobre 1893).
Illustration de Rougeron et Vignerot
d'après une aquarelle d'Alfred Paris
pour Gloires et souvenirs maritimes de Maurice Loir, Hachette, 1912
d'après une aquarelle d'Alfred Paris
pour Gloires et souvenirs maritimes de Maurice Loir, Hachette, 1912
A la suite des difficultés survenues avec le gouvernement du Siam, les canonnières Inconstant et Comète, commandées par Dartige du Fournet, forcèrent le 12 juillet 1893 les passes de la Meinam défendues par deux forts, sept navires de guerre et un barrage de mines. Le tir précis des deux bâtiments français brisa tous les obstacles et ils vinrent mouiller devant Bangkok. Cette énergique démonstration provoqua la signature du traité du 3 mars 1894. Victime de cette intervention, Jean-Baptiste Say, petit navire des Messageries fluviales de Cochinchine (service de Saïgon à Bangkok), qui attendait la marée pour franchir la barre de Meinam, va s'échouer à la suite d'une voie d'eau provoquée par les tirs siamois.