21 avril 2010

4 mai 1910 : création de la Marine Canadienne


Jusqu'à la fin du XIXème siècle, bien que possédant l'un des plus importants rivages maritimes au monde, l'état canadien ne possédait que quelques navires armés, de faible tonnage, mais qui suffisaient à remplir les fonctions de garde-côtes le long d'un littoral non menacé. Au début du XXème siècle, l'inquiétude commence à se faire sentir à l'Amirauté britannique, au gouvernement de Sa Majesté et dans les cercles environnants, devant la montée en puissance de la flotte allemande sous l'impulsion de Bismarck. Ce n'est rien moins que la suprématie de la Royal Navy qui est en jeu. Lors des conférences de 1902 et 1907, le gouvernement britannique demande à ses colonies et dominions de participer financièrement à la construction de nouveaux navires nécessaires au maintien de cette suprématie. Officiellement, du côté canadien, c'est un refus qui est apporté comme réponse. Mais, l'opinion publique canadienne est divisée en deux par ses origines. D'un côté, les conservateurs désireux d'apporter leur soutien à la Couronne, de l'autre, les nationalistes canadiens, fervents défenseurs de l'indépendance, qui souhaitent une marine exclusivement destinée à la défense des intérêts canadiens, sans se soucier des problèmes de la vieille Europe. Entre les deux, le débat est plus qu'animé. Le Premier ministre de l'époque, Wilfrid Laurier, est connu pour ses tentatives, dans tous les domaines, d'accorder les parties. Surnommé "le conciliateur", il parvient à faire voter le 4 mai 1910, la loi du Service Naval qui crée la Marine Royale Canadienne (MRC). Elle contient une disposition importante qui prévoit, en cas de besoin urgent, le passage de la flotte canadienne sous le commandement britannique. Comme on l'imagine, cette disposition exacerbe la colère des nationalistes menés par le député Henri Bourassa qui abandonne la politique pour fonder un journal, Le Devoir, qui lui servira de tribune pour s'opposer à la politique de Laurier. Avec efficacité puisque Laurier perdra les élections de 1911.

Quoi qu'il en soit, la Marine Canadienne existe donc officiellement depuis ce jour de mai 1910. L'achat de deux navires est donc programmé ; ils formeront l'embryon de la Marine Canadienne. Un navire sera posté sur chacune des côtes de l'état (à Halifax, en Nouvelle Écosse et à Esquimalt, en Colombie Britannique). Logiquement, c'est auprès de la Royal Navy que ces deux premières unités sont acquises. Les deux bâtiments sont transférés à la marine canadienne le 6 septembre 1910.


L'HMCS Rainbow, est un croiseur, construit en 1891. Après son arrivée à Esquimalt le 7 novembre 1910, il est utilisé à la formation des jeunes marins et à la surveillance des pêches. À partir du mois d'août 1914, le HMCS Rainbow patrouille dans le Nord-Est du Pacifique le secteur en mode défensif, et ce jusqu'au début de 1917. Le HMCS Rainbow est vendu à la démolition en 1920.


L'autre navire, HMS Niobe a été construit par le chantier Vickers à Barrow, en Angleterre, et lancé le 20 février 1897. Il a montré au cours des essais une vitesse supérieure à celle des navires de sa catégorie, les croiseurs de la classe Diadem. Entré en service en 1898, il sert en Manche puis, à l'éclatement de la guerre des Boers, accompagne les transports de troupe vers l'hémisphère sud. Il a été rénové en 1907 puis placé en réserve jusqu'à ce jour de juin 1910 où l'Amirauté britannique a décidé sa vente à l'ancienne colonie. Attribué à la côte atlantique, HMCS Niobe parvient à Halifax le 21 Octobre 1910 sous les ordres du commandant W.B. Mac Donald. Avec ses 11 000 tonnes, c'est un bien grand navire pour une si jeune marine. Sous grand pavois et faisant donner vingt et un coups de canon, il fait son entrée dans le port de Nouvelle Écosse, acclamé par la foule enthousiaste rassemblée pour fêter l'événement.

Ses premières navigations dans les eaux canadiennes sont difficiles et marquées par un échouage sur le Cap Sable (Nouvelle Écosse) dans la nuit du 30 au 31 juillet 1911. La coque en sortira endommagée en de nombreux endroits et ce sera là l'occasion d'un nouveau débat au parlement d'Ottawa. Que faire de ce navire ? Va-t-il continuer longtemps à coûter cher ? Il est finalement décidé de le réparer, ce qui prendra un an et demi. Il va remplir le rôle de navire-école pour une marine débutante. Puis après un nouveau passage au chantier pour rénover ses chaudières, la première guerre mondiale le voit patrouiller aux côtés des navires britanniques sur la côte est de l'Amérique du Nord, retournant à Halifax pour charbonner deux fois par mois. Au cours de cette période, il fait plusieurs prises lors d'inspection de navires allemands. Ces patrouilles sont interrompues en septembre 1915 par de nouveaux problèmes de chaudières. Il ne sera plus utilisé que comme dépôt dans le port d'Halifax. c'est là que l'explosion le 6 décembre 1917 du Mont Blanc chargé de munitions l'endommage gravement, rasant ses oeuvres mortes et provoquant la mort de plusieurs membres de son équipage. Il continuera néanmoins à servir de dépôt jusqu'à sa vente à la démolition en 1920 à Philadelphie.

Que reste-t-il du HMCS Niobe aujourd'hui ? Le souvenir bien sûr mais pas seulement. Les deux pièces principales de son armement sont conservées à Saint John (Nouveau Brunswick), l'une sur Market Square et l'autre au musée maritime de la ville. Enfin, une unité portant ce nom est en service dans la Marine Canadienne.



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