10 mars 2012

Les "Ekranoplan" de l'ère soviètique

Petite devinette soviétique : "Il a la forme d'un avion mais il ne vole pas, il ne ressemble pas à un navire mais il flotte, il atteint la vitesse de 600 km/h et navigue au dessus de l'eau. Qu'est-ce que c'est ?" Même à la grande époque du communisme, peu de citoyens du paradis des travailleurs connaissaient la réponse qui est :"C'est un ekranoplan, bien sûr". Ce terme que l'on pourrait traduire par "avion de surface" est un vocable générique sous lequel on rassemble plusieurs projets d'engins secrètement mis au point par les ingénieurs soviétiques au cours des années soixante sous la direction de Rotislav Yevgenievich, plus connu sous le pseudonyme d'Alekseyev et auquel on doit également certains hydrofoils. Le principe consiste à utiliser les gaz d'échappement des moteurs de l'engin et les turbulences dues au mouvement de l'appareil en les dirigeant sous sa coque afin de créer un coussin d'air virtuel ce qui explique le préfixe anglicisé de GEV pour Ground Effect Vessel. Libéré des frottements, l'engin de transport peut ainsi atteindre des vitesses très élevées et, ne "volant" qu'à quelques mètres au dessus de l'eau, échapper au contrôle radar. Plusieurs programmes furent dérivés de ce principe en faisant varier les dimensions et les buts d'utilisation. On distingue donc pour ce qui est des applications soviétiques militaires (car quelques applications civiles d'autres nationalités virent le jour) différents modèles qui, bien que reposant sur le même principe, diffèrent par leur taille, leur utilisation supposée et leur type de propulsion :

- le MK surnommé "Monstre de la Caspienne" puisque c'est sur cette mer intérieure qu'il fut pour la première fois repéré par un satellite américain en . Il disparaît lors d'un accident (officiellement dû à une erreur de pilotage) en 1980 ce qui met fin au projet de développer de taille encore supérieure.



- l'Orlyonok, fait son premier "vol" en 1973 et connaît une utilisation en série par la marine russe dans les années 90. Il présente la particularité de pouvoir vraiment voler jusqu'à une altitude de 3 000 mètres, ce qui, bien évidemment, en fait un engin particulièrement intéressant dans le domaine militaire.


- le Loun, de dimensions plus modestes que le MK, était susceptible d'embarquer missiles et passagers. Il est actuellement inerte à Kaspiysk, au Dagestan.


- le Spasatel, dérivé du MK, mais jamais achevé, il avait pour vocation de servir d'engin de sauvetage de grande capacité (pouvant accueillir jusqu'à 600 personnes). Sa construction fut lancée en 1988

Les deux vidéos que nous vous proposons, certes un peu longues, ont le mérite de montrer plusieurs types d'engins naviguants "spéciaux" mais surtout de montrer les différents types d'Ekranoplans :




Et maintenant, une seconde devinette : "Pourquoi évoque-t-on ici ces engins ?". Outre qu'il existe, peut-être, une chance de les voir à nouveau surgir, les Ekranoplan ont récemment fait parler d'eux. Le 16 février 2012, Oleg Kondrashov, maire de Nizhny Novgorod, évoque la possibilité d'exposer le Loun et le Spasatel dans un musée en plein air qui reste à installer sur les bords de la Volga. C'est en effet dans cette ville que furent construits ces engins dont il serait effectivement dommage qu'ils tombent dans l'oubli.

Quelques liens : précisions techniques, clichés, précisions aéronautiques, nombreuses photos du Loun au Dagestan.

Enfin, pour vous aider à trouver d'autres documents ou informations, voici le résultat d'une recherche faite sur Google en utilisant l'orthographe cyrillique экраноплан.





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